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La Convention Apostille du 5 octobre 1961 supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers

mohamed brahimi Par Le 11/05/2024

Apostille image 5

Si l’Algérie a ratifié un grand nombre de conventions  et traités internationaux  , par contre elle n’a  pas encore ratifié à ce jour  l’une des conventions internationales les plus emblématiques en termes de simplification  des démarches administratives des citoyens des Etats signataires de cette convention. Il s’agit de la Convention Apostille du 5 octobre 1961  supprimant l'exigence de la légalisation des actes publics étrangers  communément appelée Convention Apostille.Cette convention  vise à simplifier la procédure par laquelle un document émis dans l'un des États contractants peut être certifié à des fins juridiques dans les autres États contractants de la Convention.L’apostille est une certification internationale comparable à une légalisation . Si la Convention s'applique entre deux États, une apostille émise par l'État d'origine suffit à certifier le document et supprime ainsi la nécessité d'une certification supplémentaire par l'État de destination.

 

Les documents administratifs et judiciaires ou tout autre acte juridique émis en Algérie  n’étant pas reconnu  à l’étranger et ne peuvent de ce fait  y produire aucun effet  , et à l’inverse ceux émis par un Etat étranger n’étant pas reconnu en Algérie, il faudrait pour que   ces documents y soient légalement valables  recourir à la procédure de légalisation qui consiste en une chaîne de certifications, par une ou plusieurs autorités de l'État où le document a été délivré et de l'État de destination. Cette procédure de légalisation est lourde et complexe.Ainsi si le ressortissant algérien veut exciper  dans une procédure pendante devant  une autorité étrangère  d’un document ( par exemple un jugement , un casier judiciaire, un acte de mariage , un acte de naissance , un certificat de scolarité ,un diplôme ou encore  une attestation de travail  ) , elle peut le faire à condition que ce document soit légalisé .

S’il s’agit  d’un document administratif  ,le porteur de cet acte  doit en premier lieu  le faire légaliser par le ministère algérien des affaires étrangères , puis le soumettre au consulat  du pays dans lequel ce document est destiné pour une certification. S’il s’agit d’un jugement rendu par une juridiction ,la procédure de légalisation est plus complexe. Le jugement doit d’abord être présenté pour légalisation  au président du tribunal  de la juridiction qui l’a rendu , puis au procureur général de la cour dont dépend ce tribunal , ensuite  être certifié par le ministère algérien  des affaires étrangères  et enfin soumis à la  légalisation  du   consulat du pays destinataire.  Autant dire un vrai parcours du combattant illustré entre autres par les chaines interminables qui se succèdent devant le service de légalisation  du ministère algérien des affaires étrangères  .

De son côté le ressortissant étranger qui veut  faire reconnaitre devant une autorité algérienne la validité d’un acte juridique émis dans son pays doit suivre le même parcours , c’est à dire légaliser cet acte par les autorités compétentes avant de le soumettre à l’approbation du consulat d’Algérie.Pour un belge par exemple, il doit légaliser le document qu’il souhaite exciper devant une autorité algérienne  par l’instance belge compétence , puis par le ministère des affaires étrangères  belge et enfin par le consulat d’Algérie en Belgique.

 C’est pour simplifier cette procédure de légalisation des actes publics étrangers  que  la Convention de La Haye du 5 octobre 1961 relative à l'apostille connue sous le nom de Convention Apostille a été adoptée par la  Conférence de La Haye de droit international privé ( HCCH) et soumise à signature et  ratification. Cette convention ratifiée à ce jour par 126 pays simplifie d’une façon remarquable la procédure de légalisation des actes publics et soulage les ressortissants des pays signataires des lenteurs et des frais de la légalisation de droit commun.Contrairement à la légalisation normale ,il n'est pas nécessaire en vertu des dispositions de cette convention internationale d'effectuer une double formalité auprès des autorités algériennes d'une part, et auprès des autorités de l'Etat sur le territoire duquel l'acte doit produire ses effets d'autre part. En effet, en application  de l'article 3 de cette  convention, la seule formalité exigée pour attester de la véracité de la signature, de la qualité en laquelle le signataire de l'acte a agi, et le cas échéant, de l'identité du sceau ou du timbre dont cet acte est revêtu, est l'apposition de l'apostille par l'autorité compétente de l'Etat d'où émane le document.

La Convention Apostille s’applique à tous les actes publics qui ont été établis sur le territoire d'un Etat contractant , et qui doivent être produits sur le territoire d'un autre Etat contractant  notamment les documents qui émanent d'une autorité ou d'un fonctionnaire relevant d'une juridiction de l'Etat y compris ceux qui émanent du ministère public, d'un greffier ou d'un huissier de justice ,  les documents administratifs , les actes notariés mais aussi   les déclarations officielles telles que mentions d'enregistrement, visas pour date certaine et certifications de signature, apposées sur un acte sous seing privé. L'apostille est délivrée sans frais à la requête du porteur de l’acte par l'autorité compétente de l'Etat où l'acte est passé et généralement il s’agit du procureur général de la cour du ressort de l'autorité qui a conféré à l'acte son caractère d'acte public .L’apostille  prend la forme d'un cachet sur le document à apostiller conforme au modèle annexé à la Convention de La Haye attestant de la véracité du sceau et de la signature de l'autorité qui a conféré à l'acte son caractère d'acte public.  

Au regard des avantages indéniables de la Convention Apostille pour les ressortissants des pays signataires  , sa non  ratification par l’Algérie alors que  plus de 120 pays l’ont ratifié dont  l’Egypte , la Tunisie, le Maroc ou très récemment l’Arabie Saoudite , soulève des questionnements , et ce alors même que plus que ces pays , l’Algérie possède l’une des plus importantes diasporas au monde qui par  ce statut ont souvent recours à la légalisation d’actes susceptibles d’être produits dans leurs pays d’accueil. Indéniablement , la ratification par l’Algérie de ce traité facilitera grandement la vie  de ses  citoyens , aussi il est pour le moins anormal que ni les représentants officiels   des algériens à l’étrangers  notamment au sein des deux chambre du parlement algérien  , ni les hauts fonctionnaires du ministère algérien des affaires étrangères  qui tout au  long de l’année voient défiler des centaines de concitoyens en quête d’une légalisation,  n’aient  pensé à proposer à qui de droit la l’adhésion à cette convention .

Il est à remarquer que la Convention Apostille a été adoptée  et mise en œuvre sous l’égide de la Conférence de la Haye de droit international privée ( HCCH)  qui est une organisation intergouvernementale  créée en 1965 dont le mandat consiste  à l’unification progressive des règles de droit international privé . Cette organisation   intergouvernementale a  élaboré  une vingtaine  de conventions  internationales actuellement en vigueur  de même importance que la Convention Apostille  à l’instar de la Convention Notification   du 15 novembre 1965 relative à la signification et la notification à l’étranger des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale ,la Convention  Preuves du 18 mars 1970 sur l’obtention des preuves à l’étranger en matière civile ou commerciale , la Convention  Accès à la justice du 25 octobre 1980 tendant à faciliter l’accès international à la  justice , ou encore la  Convention Jugements  du 2 juillet 2019 sur la reconnaissance et l’exécution des jugements étrangers en matière civile ou commerciale. Alors que les membres de la HCCH  sont au nombre de 90  dont l’Egypte ,la Tunisie ou le Maroc , et que 60 autres pays  sont en attente  d’adhésion ou  ont signé, ratifié ou adhéré à  une ou plusieurs conventions  de la HCCH  , l’Algérie n’a pas encore proposé sa candidature à une éventuelle adhésion à cette organisation intergouvernementale.

Maitre BRAHIMI Mohamed

Avocat à la cour de Bouira

brahimimohamed54@gmail.com